20-21 nov. 2025 Poitiers (France)
Un ventre pour deux. La gestation pour autrui relationnelle
Mónica Bourlet Arias  1, *@  
1 : Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l'Education [University of Liège]  (FPLSE)  -  Site web
Bâtiment B32, Quartier Agora, Place des Orateurs 24000 Liège -  Belgique
* : Auteur correspondant

Depuis plusieurs années, nous assistons à des transformations majeures de la famille, dont la Gestation Pour Autrui, qui redéfinissent notamment les contours de la filiation, de la parentalité. La GPA qui nécessite de recourir à un corps tiers, celui d'une mère-porteuse, pour accéder à la parentalité est l'une des procédures les plus controversées et la moins acceptable de la PMA (Jadva & al, 2003 ; Ciccarelli & Beckman, 2005). En effet, si le « don de gestation » (Delaisi de Parseval, 2009) permet aux couples infertiles biologiquement et socialement un accès à une parentalité biologique, l'engagement des mères-porteuses dans la GPA, qui « introduit une distinction entre procréation et filiation » (M. Gross, 2018), amène « à déconstruire en matière d'engendrement et de filiation ce qui nous paraît naturel (Courduriès, 2016). De même, la GPA pour les couples gay suppose de créer des pères sans qu'une femme se désigne et soit désignée comme mère ; ce qui entraine une rupture radicale avec une norme anthropologique. En conséquence, l'engagement de ces femmes qui portent un enfant pour un.e autre questionnent particulièrement le désir d'enfant, le maternel, la fonction parentale qu'elles occupent dans cette expérience et qui constituent les prémisses du roman familial de l'enfant.

Dès lors, entendre et tenter de comprendre la complexité des constructions psychiques qui sous-tend l'engagement et l'expérience de ces femmes en tant que mères-porteuses s'avère primordial. A partir de la clinique issue de mon travail de thèse et basée sur la rencontre avec dix-huit mères-porteuses, mon dessein dans cet exposé est d'élargir le débat en proposant une réflexion sur les représentations, les fantasmes qui régissent et soutiennent leur équilibre psychique dans la GPA. Ensemble, ils tressent le processus psychique complexe que les mères porteuses mettent en place et qui permet à la GPA d'aboutir. Ainsi, prendre en compte cette complexité permet d'entendre leur récit en évitant l'écueil du jugement moral et de la pathologisation.

 

Bibliographie

Ciccarelli, Janice C. & Beckman, Linda J. (2005). Navigating Rough Waters: An Overview of Psychological Aspects of Surrogacy. Journal of Social Issues, 61(1), 21-43.

Jadva, V.; Murray, C.; Lycett, E.; Mac Callum, F.; Golombok, S. (2003). Surrogacy: the experiences of surrogate mothers. Human Reproduction, 18(10), 2196-2204.

Delaisi de Parseval, G. (2009). Famille à tout prix, Le Seuil.

Gross, M. (2018). Pères gays et gestatrices : des liens quasi-familiaux, dans I. Côté, J. Courduriès et G. Lavoie G, (dir.), Perspectives internationales sur la gestation pour autrui (pp. 50-75) Québec : Presses Universitaires du Québec. 

Courduriès, J. (2016). Ce que fabrique la gestation pour autrui. Journal des Anthropologues, 144-145, 53-76.


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