Qu'en est-il de la fonction paternelle dans une famille sans père ? Notamment dans la famille lesboparentale ? Cette interrogation, particulièrement pertinente dans le contexte des familles lesboparentales, soulève des enjeux à la fois conceptuels et cliniques. La réponse, loin d'être univoque, se situe à l'intersection du simple et du complexe. En examinant les dynamiques propres à la famille lesboparentale à travers le prisme de la fonction paternelle - fonction symbolique, ubjectivante et structurante pour l'enfant - nous mettons en lumière les modalités de construction et de transmission de cette fonction dans
des configurations familiales contemporaines, où l'homme-père n'est pas présent dans le quotidien des enfants. Notre réflexion s'ancre dans une double démarche : d'une part, un croisement des apports théoriques issus de la psychanalyse et de la psychologie du développement ; d'autre part, une approche clinique fondée sur nos rencontres avec des enfants et des parents issus de familles lesboparentales. Ce qui fait l'originalité de notre travail, c'est notamment l'attention portée à la parole des enfants, trop souvent marginalisée dans les recherches sur l'homoparentalité. Au cœur de notre réflexion se trouve cette question centrale : comment la fonction paternelle opère-t-elle et se transmet-elle dans un cadre familial sans père ? Il ne s'agit plus aujourd'hui de présumer que seule la présence physique d'un homme-père permettrait l'émergence de cette fonction. Il nous importe plutôt de comprendre comment cette fonction se traduit dans les discours, les représentations et les projections des enfants et de leurs mères.