20-21 nov. 2025 Poitiers (France)
Un Je genré : identifications en tension et enjeux de reconnaissance dans les parcours LGBTQIA+
Léa Julian  1, *@  
1 : Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC)
Université Lumière - Lyon 2
5 avenue Pierre Mendes France 69676 Bron cedex -  France
* : Auteur correspondant

Cette communication propose un cheminement clinique et théorique à partir d'un mémoire de Master consacré au coming-out transgenre, jusqu'à une thèse en cours portant sur les conflits psychiques et les remaniements identificatoires chez les jeunes adultes LGBTQIA+. En m'appuyant sur des récits de vie recueillis lors d'entretiens cliniques de recherche, je m'intéresse aux effets psychiques des attentes cis- et hétéronormatives, en particulier dans les processus d'identification et les modalités de (dé)voilement de soi. Le coming-out est appréhendé non comme un simple événement qui peut jalonner le parcours de transition, mais comme un processus intersubjectif complexe articulant enjeux objectaux et narcissiques, où se joue angoisse de perte et de besoin réflexif. Loin d'être univoques et chargées d'ambivalence, ces expériences de coming-out liées à l'identité de genre auprès de la famille peuvent s'envisager tantôt comme acte de reconnaissance, tantôt comme mise en péril du contrat narcissique (Aulagnier, 1975), cristallisant la tension entre un besoin vital d'être soi aux yeux de l'autre et le risque de désinscription dans la filiation.
De plus, l'intervention ouvrira une réflexion plus large sur les travaux en « santé mentale LGBTQ », qui documentent statistiquement une vulnérabilité psychique particulière comparativement aux personnes hétérosexuelles cisgenres. Ces résultats sont éclairés par la théorie du stress minoritaire (Meyer, 2003), qui désigne un fardeau psychologique supplémentaire lié à l'expérience de la stigmatisation, des discriminations LGBTphobes, et de l'intériorisation de normes dominantes. Inscrite dans une approche clinique qualitative, la recherche doctorale sur laquelle s'appuie cette intervention s'attellera à dénouer les conflits psychiques à l'œuvre dans des vignettes cliniques de participant.es rencontré.es ; les théories psychanalytiques offrant des outils précieux pour penser le poids du social dans les subjectivités queer sans évacuer la dimension inconsciente présente chez tout sujet. 


Aulagnier, P. (1975). La violence de l'interprétation. PUF. Paris.

Meyer I. H. (2003). Prejudice, social stress, and mental health in lesbian, gay, and bisexual populations : conceptual issues and research evidence. Psychological bulletin, 129(5), 674–697. https://doi.org/10.1037/0033-2909.129.5.674


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