20-21 nov. 2025 Poitiers (France)
Le geste suicidaire des garçons adolescents, apport des méthodes projectives
Camille Llantia  1, *@  
1 : Clinique, Psychanalyse, Développement  (CliPsyD)  -  Site web
Université Paris Nanterre : EA4430, Université Paris Nanterre
Université Paris Nanterre200 avenue de la République92001 Nanterre cedex -  France
* : Auteur correspondant

Le geste suicidaire, comme d'autres conduites auto-agressives à l'adolescence, présente une répartition genrée marquée (De Luca, Bonnichon & Marty, 2012). L'écart entre le nombre de tentatives chez les filles et les garçons atteint son acmé à l'adolescence et s'est accentué depuis la pandémie de Covid-19 (Pirard, Chin, Khiredine & Regnault,2022). Pourtant, si les garçons ont moins recours au geste suicidaire, ils en meurent davantage. Ce paradoxe de genre (Canetto & Sakinofski, 1998), bien documenté d'un point de vue épidémiologique, a donné lieu à peu d'études qualitatives.
Nous disposons d'un corpus théorique et clinique important, dans les études psychodynamiques, sur les attaques du corps à l'adolescence et le travail du féminin (Chabert, 1997 ; Ternynck, 2000 ; Vibert, 2009). L'extrapolation de ces interprétations aux garçons reste incertaine, notamment si l'on considère que les moyens employés et les risques encourus dans leurs tentatives font d'eux une population spécifique, justiciable d'une étude distincte. Il semble dès lors nécessaire de développer une lecture clinique attentive aux particularités du développement psychosexuel des garçons et aux vicissitudes du cheminement identificatoire au masculin. On peut se demander si le geste suicidaire au masculin s'interprète comme une tentative d'affirmation virile, « performative » (Butler, 1990) dans la douleur, ou comme un « emprunt » à une forme d'agir majoritairement associée à un autre genre.

Ma proposition de communication vise à présenter les premiers résultats de ma recherche doctorale, menée sous la direction de Nathalie de Kernier. Elle défend l'intérêt du genre comme outil d'analyse pour ouvrir des perspectives théorico-cliniques sur le suicide à l'adolescence. Cette recherche, fondée sur une méthodologie projective, éclaire les spécificités du fonctionnement psychique d'adolescents garçons ayant recours au geste suicidaire, en portant une attention particulière aux identifications et à la bisexualité psychique. Une réflexion à la fois clinique et méthodologique sera proposée sur l'apport des méthodes projectives dans un dispositif de recherche qui s'apparente à une étude de genre en psychologie clinique. Des vignettes extraites des protocoles illustreront les configurations identificatoires singulières de ces adolescents et ouvriront la discussion sur l'approche des problématiques liées au genre avec les tests projectifs.


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