Dans l'étude de cas de Jean, 50 ans, les auteures se proposent de réfléchir aux mouvements psychiques impliqués dans la construction d'un objet fétiche au cours d'un processus psychothérapeutique de quatre ans, à travers l'analyse de quatre protocoles de Rorschach recueillis durant ce parcours thérapeutique. Chaque protocole est considéré comme un moment révélateur dans le développement du sujet. Le premier moment est marqué par une plainte d'angoisse sans nom, projetée vers l'extérieur. Le second moment est dominé par la castration contenue dans le désir d'agir sur son propre corps par le biais d'une démarche transsexuelle. Dans un troisième moment, s'organise un objet fétiche qui, dans un quatrième moment, assume une fonction organisatrice des forces et vecteurs psychiques, contribuant à l'élaboration d'une psychosexualité plus adaptative car davantage intégrée, moins destructrice. L'analyse des différents protocoles a été effectuée selon l'école classique française ainsi que les travaux contemporains, permettant de comprendre comment la construction de l'objet fétiche a permis au sujet de dépasser le travail du négatif (Green, 2009). Nous mettons en évidence les éléments révélateurs d'une
vectorisation des processus psychiques (processus associatifs progressifs/régressifs), leur qualité (primaire/secondaire) et le poids de divers éléments liés au négatif — notamment les processus d'hallucination négative, de clivage, de désaveu — mais
également les liens entre fantasme et affect inconscient, lesquels, selon la conception de Green (1997), constituent l'axe autour duquel s'organise l'intégration sexuelle. À travers cette étude, il a été possible d'analyser le passage de l'impossibilité de donner sens et signification à la capacité de symboliser. Pour mieux comprendre la construction d'un objet fétiche, nous soulignons trois axes d'analyse:
(1) un accroissement du dynamisme psychique au niveau de la construction identitaire ;
(2) la capacité d'intégration du féminin et du masculin ;
(3) et une capacité accrue de symbolisation, soutenue par la sublimation, permettant un renforcement de la capacité de représentation.